Sœur Bourrache et mère consoude

Symphytum officinale L.
Symphytum officinale L.

Parlons tout d’abord un peu botanique, ces deux-là sont des Borraginacées, une famille possédant quelques caractéristiques typiques, plantes poilues à feuilles rêches, inflorescence en cymes dites scorpioïdes retombante, les fleurs sont souvent bleues et pourvue d’invagination dans la corolle.

Les cousines germaines sont la pulmonaire, la buglosse, la vipérine, l’orcanette, le grémil mais aussi le myosotis.

Consoude et bourrache sont les plus classiques en herboristerie, la consoude est traditionnellement utilisée pour consolider les os d’où son nom, reminéralisant et cicatrisant le baume à la consoude est un anti-inflammatoire, hémostatique et cicatrisant.

Alimentaire également les feuilles de consoude se mangent en beignets qui ont une saveur de poisson. La bourrache en feuille peut agrémenter des salades du jardin et les fleurs de bourrache forment un décor charmant pour une salade composée. Les graines de bourrache peuvent également être pressées pour donner une huile. L’huile de bourrache est particulièrement riche en acides gras omega 3, 6 et 9. Excellente pour la peau l’huile de bourrache est particulièrement indiquée pour les peaux fragiles et sensibles.

La bourrache elle-même est une tisane détoxifiante classique, souvent associée à d’autres plantes dépuratives permettant l’élimination des toxines par nos principaux émonctoires (le foie, la peau, les reins) la bourrache feuille à un tropisme plutôt cutané d’autant plus qu’elle est dotée de propriétés sudorifiques démontrées. Le caractère sudorifique de la bourrache est également utilisé pour soigner les fièvres, une sudation accrue permettant de réguler l’élévation anormale de température, une tisane apporte en outre dans ce cas une hydratation bienvenue.

La consoude à maintenant mauvaise presse. Des arguments sérieux incitent à la précaution avec cette plante mais comme souvent l’analyse des faits et des données disponibles est plus nuancée.

La plupart des Borraginacées contiennent des alcaloïdes pyrrolizidiniques, la consoude est l’espèce qui en contient le plus dans la racine (0,2 à 0,4%), les feuilles n’en contenant que 0,003 à 0,02%, la bourrache n’en contenant que quelques milligrammes par kg. A lui seul le nom d’alcaloïde fait peur, bien que notre alimentation puisse en contenir les alcaloïdes ont aussi fourni de très grand médicaments.

Des cas d’hépatotoxicité ont été attribués à la consoude. Comme souvent dans les cas d’hépatite toxique la multiplication des facteurs est importante, les personnes en cause ayant pris de façon concomitante plusieurs médicaments et/ou plantes. Il n’empêche que clairement la consoude fut l’un de ces facteurs. La prise au long cours et/ou en grande quantité de consoude est donc à éviter. Néanmoins, il est sans doute exagéré de considérer cette plante comme une grande toxique qu’elle n’est pas, son utilisation millénaire en témoigne. Par ricochet, d’autre évoquerons le « principe de précaution » l’utilisation de la bourrache est discutée. Comme évoqué ci-dessus la Bourrache contient également des alcaloïdes pyrrolizidiniques mais en faible quantité, d’autre part aucune hépatotoxicité n’a été rapporté avec la bourrache. A noté que le thé vert ou l’aloe vera ont aussi été mis en cause dans un certain nombre de cas d’hépatotoxicité !

Peut-être le principe de précaution raisonnable est-il juste de ne pas abuser de la consoude et peut être aussi des autres borraginacées en salade, en beignet ou en tisane fortement dosées au long cours par exemple moins de 3 tasses par jour et pas plus de 3 semaines semble raisonnable. Mais de toute façon le gout tant de la tisane que de la salade n’est tout de même pas si attractif pour justifier une telle consommation. Le point de vigilance est surtout à porter sur la combinaison des facteurs potentiellement hépatotoxiques que peuvent être, la prise de médicaments, l’alcoolisme, l’existence d’une hépatique virale, de troubles métaboliques et bien sûr, aussi, la prise de certaines plantes.

Bibliographie

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