Quelle est donc cette plante dont la tige et les feuilles ressemblent tant à l’ortie piquante ? Il s’agit du lamier blanc, on l’appelle aussi ortie blanche. Son nom botanique : Lamium album. Très commune en France, elle affectionne les sols riches et bien drainés et on la retrouve souvent dans les mêmes coins que l’ortie piquante (Urtica dioica, Urticacées). Nous allons voir comment les distinguer assez facilement dans cet article.
Il s’agit d’une plante herbacée vivace qui a donné son nom à sa famille botanique : les Lamiacées. [Critères d’identification des Lamiacées : une tige quadrangulaire, des feuilles opposées et décussées, des fleurs en gueule de loup, le fruit est un tétrakène (4 petites loges, chacune comportant un akène, c’est-à-dire un fruit sec indéhiscent)].
Elle n’est pas aromatique lorsqu’on froisse ses feuilles, contrairement à ses cousines (menthe, thym, sarriette, lavande, etc.). Avant le début du printemps, pour distinguer l’ortie du lamier, il suffira d’observer l’insertion des feuilles sur la tige : l’ortie possède pour chaque feuille deux stipules à l’aisselle de la tige, sorte de petite feuille non développée en forme de languette. Le lamier quant à lui n’en possède pas. Pour les plus courageux, vous pouvez aussi tenter de froisser les feuilles : si rien ne se passe, vous êtes en présence du lamier (dont la feuille est duveteuse). Si à l’inverse cela vous irrite, c’est que vous avez devant vous l’ortie piquante : ses feuilles possèdent des petits poils urticants, de véritables aiguillons gorgés de molécules pro-inflammatoires.
Ensuite, du printemps jusqu’au début de l’été, le lamier blanc développe régulièrement le long des tiges de belles fleurs blanches. Elles se disposent à l’aisselle des feuilles en verticilles (au même niveau, en cercle autour de l’axe de la tige) par 6 à 15 fleurs. À ce stade, la plante peut mesurer de 30 à 90cm. L’inflorescence de l’ortie piquante est morphologiquement bien différente, vous ne pourrez pas vous tromper (grappe de minuscules fleurs).
Intérêt gustatif du lamier blanc :
Les feuilles du lamier blanc sont bonnes comestibles, un véritable légume-feuille à consommer sans modération ! Elles présentent une saveur subtile de champignon. Deux fois moins riche en protéines que l’ortie, le lamier en contient tout de même près de 20g pour 100g de plante sèche. On privilégiera les jeunes pousses printanières car elles seront plus tendres et savoureuses, d’autant plus si on les dégustera crues en salade. On les cuisinera volontiers en beignet ou en omelette ; également elles pourront aromatiser une soupe. Les fleurs sont un peu sucrées puisque riches en nectar.
Les parties aériennes fleuries du lamier blanc renferment 0,3 à 0,5% de flavonoïdes (rutoside, tiliroside, quercétine), des tanins, des hétérosides d’iridoïdes et séco-iridoïdes (lamalbide, alboside A et B, caryoptoside), des saponosides triterpéniques, des acides phénols (acide chlorogénique, lamalboside, verbascoside, acide coumarique) et des alcaloïdes (2%, stachydrine).
En application locale, il permet de lutter contre les desquamations, les pellicules ainsi que les démangeaisons du cuir chevelu (plante sèche réduite en poudre dans un shampoing solide fait maison, ou faire une infusion concentrée à appliquer en lotion de rinçage).
En bain de siège, il permet de traiter la leucorrhée (rôle antibactérien des flavonoïdes). Pour cela, on comptera 100g de lamier à macérer toute la nuit dans 3L d’eau. Le lendemain, réchauffer et procéder au bain du siège. L’eau du bain doit recouvrir les reins. Cette eau pourra être réchauffée et utilisée encore deux fois.
Par voie interne, il facilite les fonctions digestives, soulage les douleurs hépatiques et vésicales (anti-inflammatoire, eupeptique, antidiarrhéique). Diurétique, il favorise l’élimination urinaire. On l’utilise aussi en tant qu’adjuvant dans les inflammations de la prostate.
Par ailleurs, les flavonoïdes et les saponosides du lamier blanc en font un excellent expectorant. Il sera un bon remède des encombrements bronchiques en fluidifiant les mucosités et permettant une meilleure respiration.
On pourra préparer une teinture-mère à partir des plantes fraîches du jardin. On prendra dans ce cas 30 gouttes 3 fois par jour à diluer dans un peu d’eau à prendre à distance des repas.
On pourra tout aussi bien préparer des tisanes de lamier blanc : compter au moins 30g de plante fraîche pour 750ml d’eau frémissante et infuser 15 minutes avant de filtrer.
N.B. : Seul le lamier blanc (Lamium album) a été vraiment étudié et bénéficie d’une monographie de contrôle et d’indications officielles. Toutefois, les constituants des autres lamiers étant plutôt proches de ce dernier, on pourra tout aussi bien substituer le lamier blanc par un autre lamier : lamier pourpre (Lamium purpureum), lamier jaune (Lamium galeobdolon), etc. De même, tous les lamiers sont comestibles.
Par Benjamin Delfaut