Nous verrons dans cette article les connaissances essentiellement tirées d’expérience in vitro
sur les activités antiherpétiques des huiles essentielles.
Affirmer une activité antivirale est particulièrement délicat et il convient de prendre en compte plusieurs spécificités des virus. 1) Les virus ne peuvent se multiplier sans le support de leur hôte. Il n’ont pas, en effet, la machinerie complète permettant une réplication et ne possèdent que une information génétique minimale. Ils vont donc « emprunter » à leur hôte l’ensemble de la machinerie cellulaire nécessaire pour traduire leur information génétique afin de fabriquer de nouvelle particules virales. Plus qu’un simple emprunt, une fois la machine cellulaire utilisée elle est souvent détruite par le virus. 2) Les virus sont très petit de 10 à 400 nm (100 nm = 0,0001 millimètre) et ceux qui nous intéressent pour les pathologies humaines parfois très dangereux à manipuler.
Ces éléments entraînent des contraintes importantes pour la réalisation d’essais pour tester d’éventuels antiviraux. D’abord au niveau des locaux et des équipements. Certaines expérimentations ne peuvent être réalisées que dans des laboratoires hautement spécialisés avec des conditions de sécurité extrêmes. De plus, les tests ne sont jamais simple à mettre en oeuvre et demande d’avoir recours à des cultures cellulaires adéquates. L’identification du type de cellules et des conditions de culture qui permettront une réplication du virus étant, déjà, un défi de recherche important. Enfin, la mise au point d’un protocole fiable pour identifier a quel stade de l’infection ou de la réplication virale les composés vont êtres actifs est une complexité de plus de ce type de tests.
La mise au point et la réalisation de tests antiviraux sont donc affaire de laboratoires et de chercheurs très spécialisés et sont rarement des routines très simples. La littérature dans le domaine des huiles essentielles antivirales est donc beaucoup moins importante que celle sur des bactéries, organismes plus faciles à cultiver et étudier. Seules quelques souches virales parmi les plus simples à manipuler ont été étudiées. Par exemple, l’effet des huiles essentielles sur les virus de l’herpes (cet article) et les virus respiratoires dont ceux de la grippe (prochain article) ont donné lieu à une littérature relativement abondante.
Rappelons qu’il est impossible d’affirmer qu’un produit actif sur un type viral sera actif sur un autre type de virus même si ces virus appartiennent à une famille ou un groupe similaire. Pour être plus précis, même si les virus herpétiques et les coronavirus sont des virus enveloppés, le fait qu’une huile essentielle ait été démontrée active sur les virus herpétiques en détruisant son enveloppe ne permet pas de conclure qu’elle l’est aussi sur les coronavirus et en particulier le SARS-CoV2.
Il existe deux types de virus herpétique HSV-1 (herpes simplex virus 1) et HSV-2, le premier est responsable de l’herpes labial le second de l’herpes génital. Les test in vitro sont validés depuis longtemps est relativement simple à mettre en route, c’est donc naturellement sur ce type de virus que la littérature sur les huiles essentielles est la plus abondante. Quelques publications rapportent également l’activité du composé majoritaire d’une huile essentielle donnée.
Nous proposons ci-dessous une synthèse des principaux résultats publiés (Tableau 1 et 2). Les protocoles mis en oeuvre sont tous issus d’infection virale sur des cultures cellulaires. En fonction du protocole expérimental (temps d’introduction des différents éléments sur la culture et temps de contact entre virus/cellules et antiviraux) il est possible de distinguer un effet sur le virus lui même avant pénétration cellulaire, sur la pénétration du virus dans la cellule ou sur le processus de réplication virale intracellulaire. Dans beaucoup de cas les huiles essentielles agissent sur la structure du virus -enveloppe ou capside- en l’altérant avant même la pénétration cellulaire (effet sur « l’infectivité » ou virucide). Pour quelques cas une action sur la réplication à pu être démontrée.
Outre ces huiles essentielles ou composés majoritaire dans une huile essentielles données de nombreuses autres huiles essentielles ont été testées positivement sur HSV-1 et/ou HSV-2. Une synthèse de ces résultats est fournie ci dessous (Tableau 3).
La littérature in vitro est abondante, trop, peut être, si l’on considère le nombre d’huile essentielles qui montrent une activité sur ces types de virus. Il est possible de penser à un effet complètement aspécifique ou toute huile essentielles testée serait active ! Pourtant à y regarder de plus près les huiules ayant démontrées une activité sur les virus herpétiques 1 et 2 font apparaître plusieurs « clusters » de molécules communes.
Les monoterpènes et monoterpénols sont absents ou peu représentés ainsi que les esters ou les oxydes. Il n’est pas fait mention dans la littérature in vitro des huiles essentielles de ravintsara ou niaouli (huiles riche en 1,8-cinéole) pourtant largement recommandées dans cette indication dans les livres d’aromathérapie. Ceci ne préjuge en rien de l’activité possible de ces huiles, elle n’ont juste pas encore donné lieu à des études in vitro sur ces virus.
Certaines publication font état également de résultats négatifs avec certaines autres huiles (non mentionnées dans cette revue) ou sur certaines autres souches virales. Il est donc possible, dans bien des cas, de s’assurer de la spécificité de l’action d’autant plus qu’en fonction des conditions expérimentales, différents mécanismes d’actions semblent possibles. Ces derniers éléments permettent d’envisager la réalisation de synergies intéressantes combinant une action à différents niveaux de l’infection virale.
Vous ne verrez dans cette revue aucune mention d’article rapportant les résultats d’une d’étude clinique. Il n’y a, en effet, pas de publication clinique et c’est bien regrettable. Il est de notre point de vue urgent de promouvoir une recherche clinique de qualité sur ces sujets.