Quelle est donc cette plante, très commune de nos jardins, et si souvent piétinée ? « Une mauvaise herbe » dirons certains, mais un remède formidable pour tous ceux qui sauront l’employer. C’est bien sûr le plantain ! Ou devrait-on dire les plantains car il en existe des centaines d’espèces à travers le monde. Nous traiterons ici d’une espèce que nous avons identifiée au jardin, le plantain lancéolé ou Plantago lanceolata, mais tous s’emploieront indifféremment pour traiter les mêmes bobos ! Alors vous n’aurez qu’à utiliser celui que vous trouverez.
On reconnaît le plantain lancéolé par ses feuilles allongées en forme de fer de lance et disposées en rosette basale. Les feuilles comportent 3 à 7 nervures saillantes et presque parallèles. Appartenant à la grande famille des plantaginacées, il s’agit d’une herbacée vivace, ce qui signifie que cette plante est capable de résister à l’hiver pour vivre plusieurs années.
Toute la plante s’utilise en médicinal y compris la racine. Mais les feuilles en grand nombre seront les plus faciles à récolter. On y retrouve des hétérosides d’iridoïdes, des dérivés de l’acide caféique (verbascoside), des flavonoïdes, des tanins et des terpénoïdes… Un vrai trésor de molécules anti-oxydantes et d’excellents anti-inflammatoires.
Dès le printemps, les inflorescences (= ensemble de fleurs) en épi au bout d’une longue hampe (photo ci-contre) surgiront et se succéderont tout l’été jusqu’au mois de novembre ! Ce qui rendra le plantain lancéolé bien plus facile à identifier dans les parcs et les jardins. N’avez-vous donc jamais tenté de lancer des « projectiles » en réalisant une boucle avec la tige et en tirant d’un coup sec, l’épi glissant dans l’anneau ainsi formé ?
Les feuilles de plantain renferment aussi des mucilages, un enchaînement de sucres : au contact de l’eau contenue dans les fluides biologiques tels que la salive, ils vont former une sorte de gel humectant et protecteur… effet adoucissant garanti !
Pour ceux qui ne souhaitent pas la consommer en tisane, pensez à préparer d’autres formes comme une teinture-mère. Pour cela, il suffit de verser des feuilles fraîches dans un bocal. Recouvrir les feuilles d’un alcool fort (45° environ, type vodka ou gin) et laisser macérer derrière la fenêtre au moins 30 jours en agitant le bocal chaque jour. Une fois filtrée, la préparation peut être diluée au 1/10ème (une part du liquide obtenu pour 9 parts d’eau) et réservée dans un flacon en verre brun. Cette préparation se conserve bien dans le temps (plusieurs années). Pour sa consommation, on comptera environ 30 gouttes 2 à 3 fois par jour pour un adulte. Pour les enfants, privilégier la forme tisane ou sirop.
Bien sûr ! Les feuilles de plantain constitueront une bonne salade sauvage, et surtout un excellent reminéralisant (calcium, phosphore, soufre, silice, zinc, fer, cuivre, etc.). Privilégiez les jeunes pousses et les jeunes feuilles qui seront plus tendres et moins fibreuses. Par temps très sec, pensez à arroser un peu vos plantains, les feuilles n’en seront que meilleures.
Attention tout de même de récolter votre plantain dans des zones bien propres et non polluées !
En début de floraison, lorsque les boutons floraux commencent tout juste à s’épanouir, vous pourrez les cueillir, les faire revenir doucement à la poêle et les consommer en omelette. Ils dégageront une douce saveur de champignon !
Par Benjamin Delfaut